Tariq Ramadan: «Ce
que font les djihadistes au Nord-Mali n’est pas l’Islam.»
La conférence
sur « l’urgente nécessité de repenser l’éthique islamique, la spiritualité
et la loi » tenue à Dakar le 11mars 2013, a été l’occasion pour Tariq
Ramadan d’expliquer la position de
l’Islam concernant le conflit malien.
« J’ai clairement pris position par
rapport à la situation au Mali. Il ne faut pas minimiser la portée de certains
groupuscules qui ne sont pas seulement des djihadistes mais en réalité des gens
qui utilisent la religion musulmane pour valider certains actes en
contradiction totale avec l’Islam et les enseignements du prophète (PSL) »,
a-t-il défendu.
Selon le professeur d’études islamiques contemporaines
« Ce que font les djihadistes au Nord-Mali n’est pas l’Islam car l’Islam
n’est pas une religion de violence. L’Islam de l’Afrique occidentale n’est ni
violent ni littéraliste. L’Afrique n’a pas cette histoire, elle n’a pas ses
racines dans un Islam violent. »
Ainsi
l’islamologue estime que « l’Islam n’est pas exclusif. Il accepte toutes
les cultures, toutes les langues même si la langue arabe est celle du Coran. La
culture enrichit la religion. Nous devons garder nos propres langues tout en
restant croyant et pratiquant ».
Le professeur Ramadan exhorte également les
musulmans à mieux s’imprégner des textes sacrés. Le problème de l’Islam reste
le comportement de certains musulmans qui ignorent la religion et le Coran.
« Beaucoup de gens sont musulmans de
corps et non de cœur, or, prier c’est se souvenir de Dieu et faire corps
avec lui. Nous devons arriver à une libération psychologique, car notre
véritable problème c’est notre conscience morale », a-t-il dit.
«On ne pourra ni devant Dieu ni face à notre
conscience, dire que l’Occident est à l’origine de la corruption en Afrique.
Nous sommes les premiers à revendiquer une appartenance à une religion
exceptionnelle, pourtant dans la pratique nous en sommes loin. La corruption
commence dans le quotidien de notre vie, la façon dont nous nous comportons
devant la loi et devant les institutions. L’éthique doit être un credo
permanent du musulman », a conclue Tariq Ramadan.
Ousmane Badiane/ Mariama Diémè